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La Cour de justice des Communautés européennes
I.
Présentation générale
a)
Historique
La
Cour de justice des Communautés européennes, communément
appelée « la Cour » parce qu’elle est la
principale cour de justice pour l’Union Européenne,
par opposition avec la Cour européenne des droits de l’Homme
située à Strasbourg, a été instituée
en 1952 par le traité de Paris, qui mettait en place la Communauté
européenne du charbon et de l’acier (CECA) composée
des six membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg
et Pays-Bas.
Elle se situe à Luxembourg.
En 1957 à la suite de la signature du traité de Rome,
elle devient la Cour de justice de la Communauté européenne
(CJCE) au lieu de la Cour de justice de la Communauté du
charbon et de l’acier (Cour CECA). Elle est prévue
par la section 4 du traité (articles 220 à 245).
Le nombre d’affaires traitées est très grand
et en augmentation depuis la création de la Cour : elle a
déjà été saisie de plus de 8600 affaires,
soit plus de 400 affaires par an depuis 1985.
En
1989 a été créé le tribunal de première
instance, attaché à la Cour de justice des Communautés
européennes, dont le rôle est de seconder cette dernière.
Il s’occupe plus particulièrement d’affaires
liées à la concurrence déloyale, lorsque ce
sont des personnes physiques ou morales qui déposent un recours.
Il lui est rattaché, il ne dispose pas d’administration
qui lui soit propre. Il est prévu par l’article 225
du traité d’Amsterdam signé en 1997 :
Il permet d’instaurer un double degré de juridiction
(pour les affaires qu’il a jugées, les parties peuvent
faire appel devant la CJCE) et donc de mieux protéger les
justiciables. Il s’occupe également du contentieux
de la fonction publique communautaire.
b)
Rôle
Dans
une unification de l’Europe faite uniquement sur le droit,
et sans aucun recours à la force, la Cour de justice des
Communautés européennes joue un rôle particulièrement
important.
Son rôle est d’assurer le respect du droit européen
en ce qui concerne l’interprétation et l’application
des traités et des autres dispositions dues aux institutions
communautaires : elle s’assure que le droit européen
est bien le même dans tous les Etats membres. Ses arrêts
ont force obligatoire.
Elle est compétente dans de très nombreux domaines,
et le fait que certains pays soient plus concernés que d’autres
peut expliquer en partie que certaines nationalités soient
plus représentées parmi les plaignants.
L’idée est double : il s’agit à la fois
de promouvoir le droit communautaire, mais également de permettre
à tous les citoyens d’avoir accès à cette
justice-là. Il s’agit en fait le plus souvent de fournir
aux juges des modèles pour résoudre des affaires,
plutôt que de permettre à tous l’accès
au prétoire, car en réalité le modèle
est assez restrictif, il est assez difficile pour des particuliers
de pouvoir être jugés par la CJCE ( il y a environ
une dizaine de cas par an), les particuliers sont plutôt orientés
vers le Médiateur européen.
II. Fonctionnement
a)
Membres
La
Cour de justice de la Communauté européenne est composée
de quinze juges nommés par l’ensemble des Etats membres,
un par Etat. Les juges doivent être des personnes très
compétentes, ayant exercé des fonctions importantes
dans des juridictions nationales très hautes. Ils doivent
présenter toutes les garanties d’impartialité.
Les juges sont nommés pour six ans, ils peuvent exercer ensuite
un ou deux autres mandats de trois ans. Parmi eux, un juge est élu
président de la Cour pour trois ans, son mandat est renouvelable.
La Cour nomme également un greffier.
Les juges sons assistés par huit avocats généraux,
dont un premier avocat général. Les avocats généraux
sont chargés d’étudier les affaires en question
en toute impartialité et de présenter aux juges leurs
conclusions.
La Cour est une institution indépendante, dotée de
sa propre administration. Elle emploie des milliers de fonctionnaires,
et en particulier dans son service de traduction. En effet, elle
peut rendre des arrêts dans n’importe quelle langue
officielle de l’Union Européenne (c'est-à-dire
la langue officielle de chaque Etat membre) mais également
en irlandais. Traditionnellement les juges débattent entre
eux en français.
La
Cour et le tribunal peuvent siéger soit en séances
plénières (tous les juges) soit en séances
de trois ou de cinq juges, selon l’importance de l’affaire.
Pour le tribunal de première instance il peut y avoir jugement
à juge unique.
Le président actuel est M. Vassilios Skouris, de nationalité
grecque.
b)
Procédure
Les
recours doivent être déposés par écrit
auprès du greffe, soit dans le cadre d’un recours direct
des plaignants auprès du juge, soit indirectement par un
juge national chargé de juger une affaire pour laquelle la
législation européenne n’est pas précise.
Il y a différents types de recours : il y a des recours en
manquement (contre un Etat membre qui ne respecte pas les règles
européennes), recours en annulation (contre une institution
européenne qui a édicté une règle illégale,
contraire à une norme européenne), recours en carence
(contre l’inertie des institutions communautaires qui ne prennent
pas de décision dans le cas où une telle décision
serait nécessaire, qui ne réagissent pas quand il
est de leur devoir de réagir), recours en réparation
(contre les agents des institutions communautaires ayant causé
des dommages dans l’exercice de leur fonction), pourvoi en
cassation (contre une décision rendue pas le tribunal de
première instance), renvoi préjudiciel (le juge national
demande un éclaircissement à la Cour sur un point
de législation européenne pour pouvoir rendre une
décision).
La procédure peut être divisée en deux phases
: une première phase écrite, suivie d’une phase
orale au cours de laquelle le jugement est rendu.
Toutes les parties concernées rédigent une déclaration.
Un avocat général et un juge rapporteur sont chargés
d'étudier l'affaire. Le juge chargé de l’affaire
rédige un rapport. L’avocat général en
déduit ses conclusions. Le juge produit alors un projet d’arrêt
qui est soumis aux autres juges.
On passe ensuite à la phase orale : elle se déroule
en audience publique. Les avocats des parties plaident, ils peuvent
être interrogés par les juges et les avocats, puis
l’avocat général présente ses conclusions.
Ensuite les juges se réunissent pour prendre une décision
et rendent leur arrêt. Ils se servent du projet d’arrêt
que chaque juge peut modifier : proposer des modifications qui doivent
être acceptées par la majorité des juges. Les
avis divergents de l’avis rendu ne sont pas exprimés
publiquement, c’est pourquoi on peut parfois lire que les
avis sont rendus à l’unanimité.
Les arrêts sont rendus publics immédiatement, ils sont
mis en ligne rapidement pour servir de modèle et aider le
public (citoyens ou juges nationaux) à connaître la
juridiction et publiés dans le Journal officiel des Communautés
européennes.
La Cour de justice des Communautés européennes est
le seul organe contraignant les Etats à respecter le droit
européen. Des sanctions financières peuvent être
imposées si l’Etat refuse d’obéir, mais
il n’y a pas concrètement de moyen d’obliger
l’Etat à obéir.
Elle joue un rôle de contrôle dans l’Union européenne
: elle permet une mise en œuvre du droit communautaire et elle
permet qu’il soit appliqué de manière uniforme
dans tous les pays de l’Union européenne. Sa juridiction
est en général favorable à l’Union et
tend à lui donner plus de pouvoirs au détriment de
la souveraineté de Etats membres, dans la limite de ses fonctions.
Elle ne donne pas nécessairement plus de démocratie
: certes le citoyen peut recourir à son arbitrage, indirectement
dans le cas du renvoi préjudiciel, ou directement dans le
cas où le citoyen est concerné directement et individuellement
par une décision. Il ne peut pas former de recours contre
un Etat membre ou une personne physique ou morale. La procédure
est gratuite mais les frais d’avocats sont souvent très
lourds, d’autant plus que la procédure dure environ
deux ans. néanmoins les frais d’avocats peuvent être
pris en charge par la Cour si la partie est indigente.
Toutes les nationalités ne font pas recours à égalité
à la Cour : certaines nationalités sont plus représentées,
soit parce qu’elle sont plus concernées par la législation
européenne, soit parce que leur tradition est plus celle
d’un accès au juge que celle d’un recours à
un médiateur.
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